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Idée reçue : hydraulique ENR utilisée

L’hydraulique est l’énergie renouvelable la plus utilisée en France  :

 

 

Beaucoup pensent que l’énergie hydraulique est l’énergie renouvelable la plus utilisée. Ceci semble cohérent avec les nombreux barrages installés sur nos cours d’eau. Qu’en est-il exactement ?

Cette question suppose évidemment que l’énergie hydraulique soit considérée une énergie renouvelable, ce que certains contestent, mais les instances officielles françaises confirment ce classement sans lequel cette idée reçue n’aurait aucun sens.


Non, ce n’est pas l’hydraulique !

Eh bien, non, l’énergie hydraulique n’est pas l’énergie renouvelable la plus utilisée, le diagramme1  ci-contre détaillé pour l’année 2017 nous le prouve :

détaillé pour l’année 2017 nous le prouve : l’énergie renouvelable la plus utilisée est le bois énergie avec 39.6% de la part des énergies renouvelables qui représente elles-mêmes 16.3% de la consommation finale brute d’énergie en France. La part du bois énergie est plus du double de celle de l’hydraulique. À noter que si nous considérions l’ensemble de l’énergie issue de la biomasse qui est ici répartie entre le bois énergie, les biocarburants, les déchets renouvelables, le biogaz et des déchets de l’agriculture, pour une partie inconnue dont nous ne tiendrons pas compte, la proportion serait de 58.7%.

Le caractère renouvelable du bois énergie n’est effectif que si on replante la forêt au fur et à mesure que les coupes sont effectuées. Plus encore que pour l’hydraulique, ce caractère renouvelable est contesté, par exemple par France Nature Environnement qui met en avant les décennies nécessaires pour retrouver les masses consommées. Elle préconise plutôt l’utilisation du bois pour la construction ce qui permet de séquestrer le carbone. Les instances environnementales françaises considèrent néanmoins l’énergie bois comme une énergie renouvelable, comme il apparait sur le diagramme ci-dessus.

Et donc, suivant la manière dont on les classe, c’est soit la biomasse dans son ensemble, soit le bois énergie qui est l’énergie renouvelable la plus utilisée en France.


Pourquoi cette idée reçue erronée ?
Les français (et peut-être d’autres nationaux) souffrent d’un biais cognitif bien ancré : quand on leur parle d’énergie, ils pensentCliquer pour agrandir électricité et uniquement électricité. Peut-être l’attaque ciblée des ‘’écologistes’’ contre l’électricité nucléaire prépondérante et la promotion de son soi-disant remplacement par de l’électricité renouvelable intermittente ont-elles focalisé l’attention de tous sur cet aspect. Toujours est-il que la vision française est complètement déformée, allant jusqu’à parler d’un pays ‘’tout-nucléaire’’ alors qu’il n’en est absolument rien. Nous avons tous en tête l’image ci-dessus (RTE 2019) qui affiche pour la production électrique française à peu près ¾ de nucléaire (en baisse), un peu moins de 10% de renouvelables (en hausse) et un peu plus de 10% d’hydraulique (à peu près stable). Malgré l’évolution par rapport aux années précédentes, l’hydraulique reste la plus utilisée devant l’ensemble des renouvelables, elle est donc bien le moyen renouvelable qui fournit en France le plus d’électricité – d’électricite, oui, mais certainement pas le plus d’énergie.


L’énergie n’est pas que l’énergie électrique
Car l’énergie électrique est loin d’être la seule énergie utilisée, elle est même totalement minoritaire dans les usages les plus importants comme le transport, l’industrie ou même le chauffage domestique. Quelles sont les autres sources d’énergie ? Essentiellement les fossiles, gaz ou fioul et un peu de biomasse. Les fossiles étaient également dominants sous forme de charbon ou de fioul dans la fourniture d’électricité avant d’être rétrogradés très loin derrière le nucléaire, ils le sont restés dans les autres usages, sans le charbon qui a été progressivement presque totalement éliminé.

Si on regarde un diagramme général (ci-contre[2]), on peut voir que l’électricité ne représente qu’un peu plus de 20% des usages, alors qu’en fait de ‘’tout-nucléaire’’, comme beaucoup le pensent, la consommation française dépend à 70% des fossiles… Pour en revenir à notre propos, l’hydraulique pèse peu dans l’énergie nationale consommée, pour 2.7% de celle-ci (suivant les valeurs 2017 du diagramme de la page précédente), par rapport à l’énergie fournie par les autres renouvelables qui pèse 15.85% de l’énergie nationale. Et c’est pourtant cette hydraulique qui est visible, grâce aux grands barrages des Alpes et à tous ceux qui sont installés sur nos cours d’eau, qui nous font penser à tort qu’elle est prépondérante.

 


L’énergie bois et l’hydraulique.
Ces deux filières ont ceci en commun qu’avant la découverte de la mise en œuvre du charbon, puis du pétrole et l’extension de leur utilisation, elles fournissaient l’essentiel de l’énergie consommée par les humains. Pour l’énergie thermique, le bois, utilisé depuis la nuit des temps, n’avait pas de concurrent, pour l’énergie mécanique, la traction animale et quelques moulins à vent complétaient les très nombreux moulins à eau qui s’échelonnaient le long des rivières. C’est que ces deux énergies étaient en effet disponibles localement à peu près partout, pouvaient être stockées et libérées au moment où on en avait besoin. Ces qualités étant toujours d’actualité, il n’est pas étonnant que leur utilisation perdure. L’hydraulique est limitée par la disponibilité des sites favorables à l’installation de centrales suffisamment puissantes pour être rentables (les milliers de petits moulins à eau d’antan ne le seraient pas), le bois énergie a moins de limitations malgré ses inconvénients (pollution chimique et particules fines dont le piègeage nécessite des installations évoluées, et émission de CO2). Il n’est donc pas étonnant que son utilisation soit encore importante. Le fait que sa production soit très distribuée sans installation importante visible fait que sa première place ne nous est pas apparente, alors que les paysages sont envahis par des éoliennes très visibles qui ne fournissent que peu d’énergie, presque 5 fois moins que le bois.


Et pour conclure
Non ce n’est donc pas l’hydraulique qui est l’énergie renouvelable la plus utilisée en France. L’hydraulique est très appréciée pour sa disponibilité et sa capacité à démarrer dans des temps très courts, sans parler de son rôle dans la régulation de la tension et de la fréquence du réseau et dans celle du débit des cours d’eau. Mais faute de sites adaptés qui limitent son développement et des oppositions locales à de nouveaux barrages, elle ne se développe pas et reste seulement la source d’électricité renouvelable la plus utilisée.
C’est l’énergie bois, injustement méconnue, qui est d’assez loin et probablement pour assez longtemps encore l’énergie renouvelable la plus utilisée en France, à un niveau qui reste néanmoins assez faible par rapport au total des besoins.

Datalab, CGDD : Commissariat général au développement durable, Chiffres clés des énergies renouvelables Edition 2019.↑

 

Ravijen d’après statistiques développement durable gouv.fr, non daté,probablement antérieur à 2017, d’où une proportion de renouvelables plus faible qu’en 2017 ↑.

 

UARGA : Union d'associations de retraités et d'anciens du nucléaire
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