N°42

 

 

 

NOUVELLES DU NUCLEAIRE

 

Septembre 2003 - Février 2004

 

 

 

 

 

Extrait du Bulletin semestriel d’information N° 42 (mars 2004)

 de l’Association des Retraités du Siège de COGEMA

 

ARSCO

2 rue Paul Dautier

BP 4

78141 VELIZY VILLACOUBLAY CEDEX

uarco@cogvel.com.fr

 

 

 

 

 

 

                               

Sommaire

                               

MARCHES DE L’URANIUM ET DE L’OR

Nouvelles brèves

Annexe 1: La production d’uranium dans le monde en 2003

Annexe 2: La hausse du prix de l’uranium: Causes et conséquences

Annexe 3: De Georges Besse I et Eurodif à Georges Besse II

Annexe 4: Le contentieux USEC/Eurodif (suite)

 

 

 

                               

NOUVELLES DE L’ENERGIE

                       Généralités

                       Europe

                       Monde

                       Annexe 1: Faut-il construire un EPR maintenant?

                       Annexe 2: La durée de vie des réacteurs et les comptes EDF

                               

CENTRALES NUCLEAIRES

                       Généralités

                       Europe

                       Amérique

                       Asie

                       Afrique

 

NUCLEAIRE ET ENVIRONNEMENT

                       Energie et effet de serre

                       Retraitement-recyclage, combustibles MOX

                       Gestion et transport des déchets

                       Divers

 

SURETE et SECURITE

 

NUCLEAIRE ET POPULATION

      

L’ENERGIE AUX ETATS UNIS

 

 

 

                      

I -  MARCHE DE L’URANIUM

 

Nouvelles brèves

 

 

·         La production d’uranium dans le monde en 2003 a été voisine de 35800 t, sensiblement identique à celle de 2002 (voir détails Annexe 1)

 

·         Le prix spot de vente des concentrés d’uranium a beaucoup progressé depuis l’automne 2003 pour atteindre, en février 2004, 15,6 $ par livre d’U3O8 (40,5 $ par kg d’U).

 

·         Ce prix paraît durable et même susceptible de pouvoir augmenter.

 

·         La hausse du prix spot a provoqué une certaine inquiétude chez les producteurs d’électricité. Les causes de cette hausse et ses conséquences, en particulier pour COGEMA, sont analysées en Annexe 2.

 

·         Comme annoncé dans les nouvelles de COGEMA, AREVA entre dans le monde industriel de l’enrichissement par centrifugation, selon des modalités décrites en Annexe 3.

 

·         Eurodif a célébré en septembre 2003 la livraison de sa 150 millionième UTS¹ en recevant à Pierrelatte de nombreux clients et fournisseurs.

 

·         Urenco vise à conquérir 25 à 30 % du marché de l’enrichissement au lieu de 15 % actuellement.

 

·         Le Brésil a annoncé son intention de produire de l’uranium enrichi à partir de 2004, d’abord pour ses besoins, puis pour exporter à partir de 2014.

 

·         Le contentieux entre l’enrichisseur américain USEC, et Eurodif et Urenco a franchi une nouvelle étape avec un récent arrêt de la Cour du Commerce International des Etats-Unis, mais n’est pas terminé pour autant ! (Voir Annexe 4.)

 

·         L’USEC a annoncé en janvier qu’elle avait choisi le site de Piketon dans l’Ohio pour construire une usine d’enrichissement par centrifugation d’une capacité de 3,5 millions d’UTS et nécessitant un investissement de 1 à 1,5 million de dollars.

 

·         Cette usine devrait commencer à produire en 2006. Elle remplacera la vieille usine de Paducah (diffusion gazeuse) qui sera fermée en 2010.

 

·         Le CEA s’est félicité en janvier des excellents résultats obtenus par Memphis, son pilote de démonstration d’enrichissement par laser, maintenant arrêté. Tout en approuvant totalement la décision d’AREVA de construire une usine d’enrichissement par centrifugation, le CEA estime que le laser est le procédé d’avenir, à 20 ans d’ici, et va maintenant établir le livre de procédés. Le CEA espère travailler sur cette question avec les Etats-Unis et le Japon.

 

·         Le coût du programme laser du CEA pendant les 4 dernières années est estimé à 140 millions d‘€.


·          

sommaire

ANNEXE 1: La production d’uranium dans le monde en 2003

 

 

 

sous forme de concentrés

 

Pays

Tonnes d’U

Fiabilité des chiffres

Variation en %

par rapport à 2002

Canada

 

Australie

Niger

Russie

Kazakhstan

Ouzbékistan

Namibie

Ukraine

Etats-Unis

Afrique du Sud

Chine

Inde

Tchéquie

Brésil

Allemagne

Roumanie

Pakistan

11 000

  8 000

  3 140

  3 000

  2 650

  2 100

  2 040

     900

     800

     760

     700

     500

     400

     250

     200

     100

       30

bonne

± 100

bonne

± 100

bonne

± 100

bonne

médiocre

bonne

bonne

très médiocre

médiocre

médiocre

médiocre

bonne

médiocre

médiocre

  0,5

  0

+1,9

  0

environ +18

inchangé

-12,4

inchangé ?

-11,1

 -7,3

inchangé ?

inchangé ?

inchangé ?

inchangé ?

inchangé ?

 ?

 ?

Total

Environ 35800

 

2003

pratiquement identique à 2002

 

 

Commentaires :

 

Canada :               Léger tassement suite en particulier à l’arrêt de Cluff et à la venue d’eau de la mine de Mc Arthur.

 

Principales productions :

-          Mc  Arthur : 6500, Mc Clean (COGEMA) : 2300, Rabbit Lake : 2000

 

-          Cameco a annoncé en janvier une production 2003 de 7120 t U (6120 en 2002), des ventes de 13630 t (contre 12240) et un chiffre d’affaires de 570 millions de dollars canadiens, en hausse de près de 9%. Pour assurer ses ventes, Cameco dispose d’autres sources dont l’équivalent uranium naturel de l’uranium enrichi russe.

 

Australie :            Principales productions (en tonnes d’U) :

                               Ranger (Era) : 4300, Olympic Dam : 2950

 

Niger :                   Cominak : 2020, Somaïr : 1120

 

Kazakhstan :        Production du pilote COGEMA : moins de 100

 

Namibie :              Rössing, dont l’exploitation est déficitaire, pourrait arrêter sa production en 2007, peut-être même avant.

 

Etats-Unis :          Production assurée par Cameco (lixiviation in situ). COGEMA n’y produit plus rien.

 

Afrique du Sud : Un seul producteur : Vaal Reefs.

 

Tchéquie :            Arrêt probable de la production d’ici 2 ans.

 

Allemagne :          Production par pompage dans les vieilles mines et traitement des liqueurs uranifères.

 

 

 

 

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ANNEXE 2: La hausse du prix de l’uranium : causes et conséquences

 

 

1.        Déjà à l’automne 2003, lors d’un séminaire international sur les matières premières nucléaires, les experts s’étaient interrogés :

 

-                      Nécessité sous peu de produire, non plus quelque 90 millions de livres d’U308 par an (34650 tU) mais 160 (61600) pour satisfaire à la demande,

 

-                      Danger de se limiter à quelques grosses mines comme Mc Arthur (capacité de près de 7000 tU/an) qui peuvent être victimes d’incidents (venues d’eau en 2003),

 

-                      Abandon de plus de 40 projets miniers où les producteurs d’électricité étaient associés dans les années 70, projets non développés suite à la baisse du prix de l’U,

 

-                      Possibilité de nouvelles sources secondaires d’uranium venant retarder les investissements dans de nouvelles mines.

 

2.        Fresh Fuel du 2 février 2004 consacre un article de 3 pages (copie sur demande) à l’exploration « de base » (grass roots) de l’uranium.

 

Il rappelle le montant des dépenses d’exploration des pays (USA, Canada, France, Australie) avant 1994, note que « les programmes d’exploration tendent à suivre les tendances du prix de l’uranium » et que « l’optimisme s’infiltre dans l’industrie dès lors que les prix montent ». Il signale aussi que de 1998 à 2002, période de bas prix, Cameco a dépensé 45 millions de dollars en exploration, dont 53% dans le Saskatchewan et 37% dans le nord de l’Australie.

 

Dans ses perspectives finales, Fresh Fuel estime qu’à long terme, il est peu probable que soit engagé un deuxième programme de démilitarisation d’uranium enrichi russe, mais que, par contre, nombre de mines existantes verront leurs réserves très amoindries dans la prochaine décennie. De même, il est improbable que les gouvernements aident à la recherche de nouveaux gisements.

 

Fresh Fuel voit donc les producteurs d’électricité aider cette nouvelle phase d’exploration – découverte - production. Faute de quoi, il est probable que les efforts d’exploration s’avèreront être « trop peu, trop tard ».

 

3.        Début 2004, alors que le prix spot s’établit à 15,6 $/livre d’U3O8, quelles sont les causes de cette hausse observée depuis l’automne précédent ? On peut citer en particulier :

-                      Noyage de Mc Arthur,

-                      Incendie à l’usine d’Olympic Dam, en Australie,

-                      Inquiétudes sur l’avenir de Rössing (cƒ Annexe 1),

-                      Révision en baisse des stocks russes.

 

4.        La philosophie de COGEMA en matière d’exploration minière a été exposée dans le numéro 32 de décembre 2003 du Fil Jaune dont nous recommandons la lecture à nos lecteurs intéressés (copie sur demande).

 

Dans son éditorial, Rémy Autebert, directeur de la BU Mines, présente la stratégie à long terme de COGEMA et, en particulier, son effort pour relancer l’exploration minière.

 

Suivent ensuite 3 articles de :

 

-                   Georges Capus « Les réserves d’uranium dans le monde » : 1 690 000 tU en réserves raisonnablement assurées, récupérables à moins de 15 $/livre U3O8 (39 $/kg U), avec répartition de ces réserves par pays (39% en Australie, 19% au Kazakhstan, 16% au Canada, 7% en Afrique du Sud etc..)

 

-          Rémy Autebert « Une abondance en trompe l’œil ? »

 

-                   Jean-Claude Carisey « Panorama de l’exploration : les choix » qui cite un effectif de 99 personnes et un budget 2004 de 12,6 millions d’€.

 

5.        Dans le détail, les actions récentes de COGEMA ont été :

 

-                      Au Niger les sondages à proximité des exploitations minières. Effectués depuis 2001, ils ont permis de prolonger au delà de 2010 les réserves exploitables, jusque là limitées à moins de 5 ans, des gisements Afasto (COMINAK) et Artois (SOMAIR).

 

Au Niger encore, la grande campagne de géophysique aérienne effectuée à l’automne 2003 sur une superficie de 8000 km² en bordure ouest de l’Aïr a mis en évidence de nombreux indices. Leur interprétation va prendre du temps mais, d’ores et déjà, COGEMA réfléchit à une relance possible du projet Imouraren.

 

-                      Au Kazakhstan, après l’expérimentation de l’usine pilote, les négociations sont en bonne voie entre COGEMA et les autorités locales. Elles devraient aboutir à un accord pour une mise en exploitation fin 2004 – début 2005 à hauteur de 1500 t d’U par an.

 

6.        COGEMA continue par ailleurs ses activités au Canada.

 

-                            L’usine de Mc Clean traite toujours les stocks du minerai déjà extrait du gisement de Sue. On attend pour mai 2004 le jugement sur le permis d’exploitation, suite à la plainte d’une association écologiste.

 

-                            La décision d’exploiter Cigar Lake (minerai traité à l’usine de Mc Clean) pourrait être prise fin 2004 pour production en 2007.

 

-           L’exploitation de Midwest, gisement que COGEMA a hérité de Total, est à l’étude mais n’interviendra pas avant 2010.

 

-                          La mine de Cluff est définitivement fermée mais COGEMA attend toujours de la Commission canadienne ad hoc l’autorisation de procéder aux réaménagements du site.

 

7.        On notera qu’en 2003, COGEMA a produit 5540 t d’uranium ainsi réparties :

 

-                                  Niger :                     3140 (SOMAIR + COMINAK)

-                                  Canada :                 2300

-                                  Kazakhstan :          moins de 100

-                                  Lodève :                 9 (récupération d’eaux uranifères).

 

     

 

 

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ANNEXE 3: De Georges Besse I et Eurodif à Georges Besse II

 

L’entrée de AREVA/COGEMA dans le monde industriel de l’enrichissement par centrifugation s’est déroulé de la façon suivante :

 

Depuis 2002, des discussions avaient lieu entre AREVA et Urenco, consortium à 3 (Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas) qui avait développé les technologies des centrifugeuses (cf. Bulletin ARSCO n° 40, page 22).

 

Le 1er octobre 2003, Urenco a modifié sa structure. Urenco Ltd, dont le siège est en Grande-Bretagne, est devenu une holding contrôlant deux entités, Enrichment Technology Co (ETC) qui possède la technologie des centrifugeuses et est chargée de leur développement, et Urenco Enrichment Co, responsable de la production d’uranium enrichi.

 

Le 24 novembre 2003, AREVA a acquis 50% des parts de ETC. Cette dernière fournira donc à AREVA les centrifugeuses et l’assistance technique nécessaires pour construire une usine d’enrichissement. Mais Urenco Enrichment Co et AREVA resteront concurrentes sur le marché de l’enrichissement. Suite à cet accord, AREVA a annoncé le 26 novembre 2003 sa décision de construire, sur le site de Pierrelatte, l’usine d’enrichissement par centrifugation Georges Besse II, destinée à remplacer l’actuelle usine Georges Besse I d’enrichissement par diffusion gazeuse.

 

L’accord AREVA – Urenco est soumis à l’agrément des autorités de l’Union Européenne et à un accord intergouvernemental entre l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et les Pays-Bas, qui devrait être conclu d’ici la fin de 2004.

 

Les travaux de construction de Georges Besse II pourraient donc commencer au printemps 2005. L’usine sera construite par modules successifs d’une capacité unitaire de 600 000 UTS par an.

 

Le premier module devrait commencer à produire en 2007 et la capacité finale de l’usine, soit environ 7,5 millions d’UTS, devrait être atteinte à partir de 2016. Georges Besse II ne consommera, à capacité équivalente, que 10% de l’électricité consommée par l’actuelle usine d’Eurodif, et ses investissements sont estimés à 3 milliards d’Є (dont une part significative sera financée par les liquidités dégagées par l’exploitation de l’usine). Les investissements nécessaires pour une usine de même capacité basée sur la diffusion gazeuse se seraient élevés à 8 milliards d’Є.

 

L’usine Georges Besse I d’Eurodif commencera à diminuer sa production en 2007 pour être finalement mise à l’arrêt en 2012. Le coût de son démantèlement provisionné dans les comptes d’AREVA est de 450 millions d’Є.

 

AREVA va discuter avec les actuels actionnaires d’Eurodif (belges, espagnols, italiens) de leur participation aux investissements de Georges Besse II, mais a totalement exclu toute participation de l’Iran.

 

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ANNEXE 4: Le contentieux USEC / Eurodif (suite)

 

Après l’arrêt du 25 mars 2003 de la Cour du Commerce International (CIT) américaine (voir Bulletin ARSCO n°41, page 16), la procédure a suivi son cours selon deux voies, l’administrative et la juridique.

 

Selon la première, le Ministère du Commerce américain (DOC) a été autorisé par la CIT à contrôler les éléments du prix de revient de l’UF6 enrichi vendu par Eurodif aux Etats-Unis de manière à déterminer s’il n’y avait pas dumping, ou si l’enrichisseur ne bénéficiait pas de subventions déguisées de son gouvernement.

 

Eurodif a fait preuve de la plus totale transparence et a ouvert ses livres de comptes à la mission du DOC qui a passé plusieurs semaines en France. Les estimations préliminaires connues début 2004 indiquent que le DOC ramènerait les taxes anti-dumping de 19,95% à environ 5,3%, et les droits compensatoires (des subventions) de 12,15% à environ 3%. Dans ses calculs, le DOC interprète à sa manière le coût de l’énergie fournie par EDF à Eurodif….

 

Les estimations définitives devraient être connues fin mai 2004. Si elles sont acceptées, Eurodif paierait ces nouveaux taux à partir de juin 2004 et serait remboursé de l’excédent des taxes réglées depuis mi-2001 sur la base des anciens taux.

 

Selon la seconde voie, la juridique, la CIT a examiné le recours introduit par l’USEC après son premier arrêt du 25 mars 2003. Par un nouvel arrêt du 16 septembre, la CIT a confirmé que la fourniture d’uranium enrichi ne s’apparentait pas à une vente de marchandises, mais à un service, et n’entrait donc pas dans le champ d’application de la loi américaine prévoyant des taxes anti-dumping.

 

Par contre, la CIT ne s’est pas prononcée sur les droits compensatoires et a laissé le DOC interpréter la loi qui ne lui paraît pas claire.

 

Début 2004, l’USEC qui n’est évidemment pas satisfaite du dernier arrêt de la CIT, a fait appel devant la CAFC (US Court of Appeals for the Federal Circuit), laquelle devrait trancher sur les taux anti-dumping et les droits compensatoires, mais pas avant un an. Cet appel n’est pas suspensif.

 

Le feuilleton n’est donc pas terminé.

 

 

 

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II - NOUVELLES DE L’ENERGIE

 

1. GENERALITES

 

1.1 FRANCE

 

1.1.1 Débat sur l’énergie

 

Le débat national sur la politique énergétique de la France n’a pas connu de vrai succès dans la population, malgré un engagement raisonnable et pas trop partisan des médias. Il a abouti à plusieurs rapports, puis à un avant-projet de loi soumis à la critique sur un site Internet gouvernemental, jusqu’à fin janvier. On a aussi assisté à un débat polémique sur l’utilité ou non de construire très bientôt un prototype d’EPR en France (annexe 1).

 

1.1.2 Nucléaire

 

Un nouveau ton dans la presse : il y est question, sans critiques excessives, du « grand retour du nucléaire » (Le Soir de Bruxelles du 11/10, l’Echo du 9/10, Courrier international du 11/12, VSD du 22/01). Cela résulte du débat sur la politique énergétique, qui a fait apparaître la nécessité d’une part importante d’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique et donc de la nécessité de renouveler le moment venu les réacteurs actuellement en fonctionnement. Cela vient aussi du « frémissement » nucléaire dans le monde : Finlande, Chine, USA, même Grande-Bretagne, voire Inde et Brésil.

 

1.1.3 Recherche et développement

 

·         Le budget du CEA pour 2004 fait l’objet de commentaires sur sa croissance qui va de pair avec une réduction des subventions qu’il reçoit ; de ce fait, il doit vendre son siège parisien et reporter des programmes (les Echos 22 et 27/01)

·         L’encre a surtout coulé au sujet du projet ITER et du choix de son site d’implantation (voir les Médias qui déraillent n°14). Le choix est maintenant restreint à Cadarache (France) et Rokkasho Mura (Japon). Seuls le Japon, les USA et la Corée du Sud défendent ce dernier site. Le choix n’est pas encore fait.

·         Sur l’hydrogène et sur les piles à combustible, signalons l’étude de telles piles pour les téléphones mobiles (les Echos 29/10) et l’aviation pour des moteurs d’ULM (Usine nouvelle 30/10). Un Partenariat International sur l’Economie de l’Hydrogène (PIEH) a été proposé par les USA à l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). 14 pays, dont les USA, le Japon, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ainsi que l’Union Européenne, ont signé le 20/11 l’acte de « naissance » de ce programme dont le secrétariat sera assuré par les USA. Ces derniers comptent y consacrer en 5 ans 1,7 Md $, et l’UE près de 2 Md $ sur l’hydrogène et….les énergies renouvelables !! (Enerpresse 24/11).

 

1.1.4 EDF-GDF

 

·         Un des sujets de controverse en fin d’année a été la détermination du résultat de l’exercice. En fin de compte (c’est le cas de le dire), celui-ci sera voisin de 700 M € pour un bénéfice d’exploitation de 5,5 Md € (Le Figaro économie 27/09, le Monde 28/09). Ce résultat a été obtenu en faisant agréer l’amortissement des réacteurs nucléaires sur 40 ans au lieu de 30 ans jusque là (voir annexe 2) .

·         La recherche d’un accord entre EDF et ENEL (équivalent italien d’EDF) pour l’accès de celle-ci à 5 000 à 10 000 MWe de capacité de production française (dont elle pourrait vendre la production en France même) fait l’objet de discussions difficiles. Elle bute sur le refus du gouvernement italien de lever ses mesures empêchant EDF de disposer de plus de 2 % de droits de vote dans une autre société productrice italienne (Edison) alors qu’elle risque prochainement d’en être l’actionnaire majoritaire.

·         L’approche du 1er juillet 2004 qui verra une large extension du marché de l’électricité en Europe pousse le gouvernement, sous la pression des autorités européennes, à modifier le statut d’EDF et à ouvrir son capital. De nombreux opposants politiques, y compris dans les rangs de l’actuelle majorité, rejoignent, pour des raisons différentes, l’ensemble des organisations syndicales d’EDF qui refusent tout processus de ce type qui entraînerait,  à coup sûr, pensent-ils, un changement de statut du personnel (AFP 15/01).

 


 

1.1.5 Energies renouvelables

 

·         Le rapport Besson (AFP 8/10) en conclusion du débat national sur l’énergie prévoit une place significative, quoique modeste, pour les énergies renouvelables (35 milliards de kWh/an pour l’éolien, 10 pour les autres hors hydraulique, dont 5 à 6 pour la biomasse). Ces énergies, selon Serge Poignant, rapporteur de la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée Nationale, devraient plus avantageusement être développées pour produire de la chaleur plutôt que de l’électricité (AFP et Reuters 21/10). Cela est valable pour le solaire, mais aussi pour les biocarburants, les déchets agricoles, la biomasse, etc..

·         La séquestration du dioxyde de carbone pour réduire l’impact des gaz de combustion sur l’effet de serre fait l’objet de plusieurs propositions. Christian Fouillac, du BRGM, explique des études pour son injection et son stockage dans le sous-sol profond (Libération 5/11, Financial Times 23/1, les Echos 5/2).

·         Rien de bien neuf sur l’éolien dans les médias qui, alternativement pour la France, vantent quelques réalisations, regrettent l’insuffisance des efforts et soulignent les oppositions grandissantes parmi les populations concernées par les implantations d’éoliennes.

·         Les promoteurs du photovoltaïque sont à la recherche d’autres semi-conducteurs que ceux à base de silicium, très coûteux et à faible rendement de conversion (Usine nouvelle 9/10). L’une des pistes consiste en l’usage de couches minces de diséléniure de cuivre et d’indium (coût 0,5 à 1 €/watt contre 4 avec le silicium). La 2e piste est l’emploi de nanocristaux (cristaux d’une taille de 10 à 30 nanomètres) de dioxyde de titane revêtus en couche mince, ou imprégnés, d’iode et d’iodure d’osmium ou ruthénium. Ces cellules très minces (moins de 2 microns contre 10 avec le silicium) devraient conduire à des coûts faibles (0,6 €/watt) et des rendements atteignant 10%.

 

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2. EUROPE

 

2.1 Suède

Production record d’électricité nucléaire en 2003 : 49,2 % (65 TWh) [NDLR : 1 TWh (un térawatt-heure) = 1 milliard de kWh] du total annuel. Par suite de la faible pluviosité en 2003, l’hydroélectricité n’a représenté que 53 TWh, soit un peu plus de 40 % contre près de 60 en année normale. A noter que les importations ont été de 25 TWh et les exportations de 11 TWh.

·         Bo Bylund, négociateur du gouvernement pour l’arrêt du nucléaire, a déclaré que cette politique n’était réalisable que si un plan énergétique à long terme était établi et mis en place, ce qui n’est pas le cas actuellement.

 

2.2 Finlande

La décision finlandaise de s’équiper, pour leur 5e réacteur, d’un EPR franco-allemand (cf. chapitre III) a fait couler de l’encre et de la salive. La note d’humour (involontaire) est venue d’Allemagne, championne de la sortie du nucléaire, dans un article du journal Handelsblatt du 19/12. On y encense une victoire pour l’industrie nucléaire allemande et tout spécialement Siemens qui participera à cette réalisation grâce à ses 34 % des parts dans Framatome ANP.

 

 

2.3 Grande-Bretagne

Les difficultés financières de British Energy, pour lesquelles le gouvernement britannique est stigmatisé (Daily Telegraph du 6/2) par le National Audit Office (sorte de Cour des Comptes), ont amené ledit gouvernement à fournir une aide supplémentaire de 75 M £ qui s’ajoute aux 200 M £ déjà avancés. British Energy est une compagnie, issue des sociétés de l’Etat, qui produit du courant essentiellement à partir de réacteurs nucléaires de la filière graphite - gaz. La mise à l’arrêt définitif et anticipé de plusieurs d’entre eux a causé des pertes supplémentaires de plus de 25 M £. Cette nouvelle avance sera remboursée sur les fonds provenant de la vente des parts de BE dans Amergen (producteur d’électricité US), qui lui a rapporté 277 M $ (195 M £ ou 290 M €).

 

Voir aussi chapitre III, § 1.7.

 

 

2.4 Ukraine

Le gouvernement ukrainien, lassé de ce qu’il appelle « les tergiversations de la BERD », entend achever la construction de 2 VVER et lancer celle d’un troisième pour remplacer la production des 3 réacteurs de Tchernobyl définitivement arrêtés. Les réticences de la BERD, qui envisageait un prêt de 215 M $, viendraient de ce que les garanties de sûreté de ces nouveaux réacteurs, données par les autorités ukrainiennes, ne seraient pas suffisantes.

 

2.5 Bulgarie

Toujours des discussions sur la fermeture de 2 réacteurs de 440 MWe de la centrale de Kozlodui. L’U. E. exige leur fermeture en préalable à l’entrée de la Bulgarie. Celle-ci répond qu’une mission de l’AIEA a jugé ces réacteurs comme suffisamment sûrs, et que la mission d’experts que l’U. E. devait envoyer pour juger de ladite sûreté tarde à venir. Affaire à suivre.

 

2.6 Allemagne

Les partisans de la fin du nucléaire en Europe ont pavoisé à l’annonce de l’arrêt anticipé (d’un an !) du réacteur de Stade. Ils y voient le premier pas d’un arrêt général accéléré du nucléaire. Il y a des raisons plus prosaïques à cet arrêt. Il s’agit

d’un modèle ancien qui a subi en 2003 plusieurs pannes, sans danger pour les

populations, mais qui a réduit sa disponibilité, et donc sa production, de près de

50 %. Devant ce mauvais résultat économique, les exploitants ont décidé de l’arrêter définitivement un an avant la date prévue. Il n’y a pas de quoi tirer de conclusions générales d’un cas marginal.

 

2.7 Italie

 

·         La grande panne de courant de la fin septembre 2003 a lancé des polémiques et commentaires sur les causes et les origines de celle-ci. Tout et son contraire a été lancé et affirmé sur le sujet. Le point de départ a été sans contredit l’indisponibilité brutale d’une ligne à haute tension en Suisse par laquelle transitaient des kWh importés d’autres pays. Pour certains, un véritable marché ouvert de l’électricité exige des renforcements sérieux des réseaux inter européens, ce qui à première vue semble raisonnable. Pour d’autres, un tel renforcement provoquerait un accroissement si considérable des échanges de courant entre pays que les nouvelles lignes seraient rapidement engorgées, ce qui n’est pas tout à fait à exclure. Il y a, on le voit, place pour de longues discussions.

 

·         Le gouvernement semble vouloir réexaminer, si ce n’est nécessairement modifier, la position officielle qui interdit le recours à la production d'énergie d'origine nucléaire sur son sol.

 

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3. MONDE (hors Europe)

 

3.1 Chine

·         Il est beaucoup question de l’intention de la Chine de construire 4 nouveaux réacteurs. Plusieurs compagnies sont sur les rangs : Westinghouse (USA), Mitsubishi (Japon) et AREVA par sa filiale Framatome qui proposera le dernier en date des réacteurs installés (à Chooz et à Civaux), le modèle N 4.

·         Un accord cadre de coopération dans plusieurs domaines dont celui de l’énergie et, en particulier, l’énergie nucléaire a été conclu entre le CEA et le MOST (Ministère chinois de la science et de la technologie) le 28 janvier 2004.

 

3.2 Etats-Unis

·         En novembre, les 2 chambres (Représentants et Sénat) ont discuté longuement le projet de loi de politique énergétique qui couvre un large domaine allant de la production de gaz naturel à la stabilisation des réseaux de distribution d’électricité en passant par la construction de centrales à charbon et nucléaires. Des subventions considérables sont prévues pour les producteurs de pétrole et de gaz américains. A part quelques concessions aux régions agricoles, comme la production d’éthanol à partir de maïs, il y a peu de dispositions pour les énergies renouvelables.

·         La production d’électricité d’origine nucléaire a été encore très élevée en 2003, en très léger retrait cependant par rapport à 2002 : 762 milliards de kWh (contre 780), et une disponibilité voisine de 90 % (contre près de 92). Les spécialistes mettent en avant le fonctionnement des réacteurs à une puissance supérieure au nominal, ce qui a déjà permis d’atteindre une puissance effective installée supérieure de 2000 MWe dans l’ensemble des USA et on s’attend à 2000 MWe supplémentaires dans les années à venir sans nouvelle construction.

 

 

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Annexe 1 : Faut-il construire un EPR maintenant?

 

Le débat sur l’énergie en France semble s’être cristallisé sur la nécessité ou non de construire rapidement un prototype du modèle franco-allemand de réacteur dit de génération 3, l’EPR. On trouvera certaines des caractéristiques de ce réacteur  dans le dernier numéro des Médias qui déraillent. On verra plus loin que EDF, pour ses calculs comptables, a allongé la durée de vie de ses réacteurs à 40 ans. Bien que, pour des raisons réglementaires, cette durée ne soit pas automatiquement acquise, il est très probable qu’on en arrivera là sans risque aucun et même à 50 ans (les Américains envisagent carrément 60 ans). Toutefois, il faut s’attendre à ce que certains réacteurs français parmi les plus anciens actuellement en service doivent être arrêtés entre 2015 et 2020. Pour répondre à la demande d’électricité, il faudra très probablement construire des réacteurs en compensation. Il serait normal d’installer un modèle encore plus efficace et encore plus sûr ; ce modèle existe : c’est l’EPR. Alors pourquoi construire un prototype ?

                Ceux qui ont travaillé dans n’importe quel domaine technologique savent que, quelle que soit l’expérience acquise antérieurement et quels que soient le soin et le détail de la conception d’une installation nouvelle, il est hautement imprudent de sauter l’étape prototype. Pour ne prendre qu’un exemple familier, il n’est pas un nouveau modèle de voiture automobile qui n’ait été précédé d’au moins un prototype. Rien ne vaut une expérience échelle 1 pour corriger tous les petits détails pratiquement inimaginables au stade de la conception. Donc si l’on veut un jour construire des EPR, il faut en faire un prototype et l’exploiter quelques années. Mais alors pourquoi le construire maintenant ?

                La construction d’un réacteur, en France, incluant tout ce qui relève de la technique et des réglementations, est de l’ordre de 8 ans. Si donc on en lance un en 2005, il sera au mieux prêt à fonctionner en 2013 ; avec 3 à 5 ans d’exploitation, on arrive à 2016-2018. Si l’on a besoin de réacteurs vers 2020, nous serons tout juste prêts : une décision en 2018 donnerait un réacteur en service en 2026 et un fonctionnement à pleine capacité en 2028. Mais ne peut on attendre la génération 4 qui serait peut-être disponible en 2030 ?

                Même avec un effort de recherche très important, la Génération 4 (qu’il est indispensable d’étudier) n’offrira des modèles vraiment industriels que, au mieux, en 2040 et plutôt en 2050. En outre, on ne sait quels seront, sur les 6 voies étudiées, celles qui déboucheront vraiment. Et certains de ces modèles seront sans doute plus adaptés à la production d’eau potable ou d’hydrogène qu’à la production d’électricité.

                On le voit, la génération 3 n’exclut pas la génération 4 ; au contraire elle permettra de l’attendre sans stress et de produire entre temps de l’électricité à meilleur coût, dans des conditions de sûreté encore meilleures et en produisant moins de déchets ultimes.

                Donc il faut rapidement décider de construire l’EPR.

 

 

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Annexe 2 : La durée de vie des réacteurs et les comptes EDF

 

                Comme on l'a dit précédemment, le résultat de l'exercice 2003 d'EDF a pu être rendu positif en portant la durée de vie des réacteurs à 40 ans au lieu de 30 initialement. Les plus mauvaises plumes des médias n'ont pas manqué de dénoncer là une manipulation. Est-ce vraiment le cas?

                On peut certes dire que, si le bilan avait pu être positif sans modifier la durée de vie comptable des réacteurs, EDF aurait sans doute évité cette manœuvre. Pour la réaliser, il fallait obtenir l'accord des autorités fiscales et aussi que cette durée de vie allongée ait une vraisemblance technique, en anticipant en outre sur les autorisations à obtenir de l'Autorité de sûreté nucléaire.

                En réalité, toutes les sociétés, dans les limites des réglementations fiscales, jouent avec les amortissements et les provisions pour ajuster à la fois les profits distribuables et l'impôt sur les sociétés (en fait impôt sur les bénéfices des sociétés). Pendant longtemps, le jeu a consisté à amortir aussi vite que possible les investissements pour réduire les bénéfices imposables. C'était un jeu complexe, mais dans lequel seul le fisc était partenaire (ou adversaire?). Il fallait bien sûr que les durées aient une vraisemblance technique: on ne pouvait pas, en général' amortir un bâtiment en moins de 15 ans, parfois 20 ou 25 ans. Un véhicule automobile pouvait être amorti en 3 à 5 ans. Les machines de production étaient souvent amorties sur 10 ans, linéairement ou dégressivement

(c'est-à-dire que l'on amortissait plus dans les 3 ou 4 premières années).

                Aujourd'hui, le jeu est plus compliqué puisqu'il faut à la fois payer un minimum d'impôts et satisfaire les envies de profit des actionnaires. En tout cas, un exercice déficitaire, autrefois considéré comme une bonne affaire fiscalement parlant, est actuellement prohibée pour ne pas décourager les investisseurs, maintenir un cours élevé des actions et rassurer les banques pour garder toutes possibilités de crédit.

                Alors comment tout cela s'applique-t-il à EDF? C'est actuellement une société nationale, mais il est fortement question d’en ouvrir le capital à des actionnaires privés dans le cadre de l'ouverture du marché européen de l'électricité. Il faut donc qu’EDF présente des résultats positifs. Cela dit, les choix d'EDF pour l'exercice 2003, même poussés par les événements, sont justifiés économiquement et techniquement. En effet les réacteurs dureront sûrement 40 ans et, pour les moins anciens, on peut tabler sur 50 ans. Il est donc normal que des investissements aussi lourds puissent être amortis sur une durée techniquement très probable. Toutefois, il faudra obtenir de l'autorité de sûreté nucléaire les prolongations de durée de fonctionnement qui ne sont accordées que par tranche de 10 ans après des examens approfondis. C'est le seul point d'incertitude (relative) et donc éventuellement critiquable dans cette histoire.


 

 

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III - CENTRALES NUCLEAIRES

 

 

Les nouvelles concernant les centrales nucléaires données ci-après font suite à celles déjà exposées dans les bulletins précédents de l’ARSCO, auxquels il sera bon de se référer le cas échéant.

 

Depuis le dernier bulletin, quelques évènements d'importance ont particulièrement intéressé l'industrie nucléaire française. Parmi eux :

 

·                     le débat national sur l'énergie (cf. chapitre II, §1.1.1).;

·                     la commande d'un EPR par la Finlande ;

·                     la décision de construire un porte-avion non nucléaire ;

·                     en attente, encore incertaine, une commande d'EPR par EDF (cf. chapitre II, annexe 1) et une commande de plusieurs tranches pour la Chine (cf. chapitre II, §3.1).

 

On peut voir dans ces événements les prémices d'un redémarrage du nucléaire en général.

 

Après une large consultation concernant le débat sur l'énergie (cf. chapitre II, §1.1.1), le gouvernement prépare un projet de loi d'orientation sur la politique énergétique de la France, projet qui devrait être soumis au Parlement probablement après les prochaines élections

 

Le 18 décembre 2003 AREVA a signé avec la Compagnie d'Electricité Finlandaise la vente d'un réacteur EPR (European Pressurised water Reactor). Framatome fournira l'îlot nucléaire et Siemens la partie conventionnelle. L'ensemble ayant une puissance nominale de 1600 MWe, devra être opérationnel en 2009. C'est la première commande depuis fort longtemps (10 ans) en Europe Occidentale, d'où l'importance de cet évènement qui pourrait mettre fin à une large période dépressive vis-à-vis de l'énergie nucléaire. La France est en très bonne position pour bénéficier de ce redémarrage. La dernière commande reçue par Framatome ANP remontait à 1995 et était pour la Chine (Lingao). (Voir aussi commentaire § 1.3)

 

Pour le second porte-avions français, le gouvernement a tranché ; il ne sera pas nucléaire. Deux facteurs semblent avoir pesé dans ce choix : la possibilité de participation à la construction d’un ou deux bateaux identiques par la marine anglaise et le plan de charge des Chantiers de l'Atlantique qui en ont bien besoin. Cette décision n'aurait pas grand chose à voir avec le coût d'exploitation d'un navire nucléaire.

 

Les réacteurs de quatrième génération ne seront pas exploitables avant 2050. Il est donc nécessaire que le réacteur de type EPR, qui est, lui, disponible, soit construit afin de pouvoir prendre à temps le relais des réacteurs en exploitation, dont on peut prévoir l'arrêt des plus anciens à partir de 2015. EDF et le CEA partagent cette analyse (cf. chapitre II, annexe 1).

 

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1 - EUROPE

 

1 1 Allemagne

 

·                     Le réacteur de Stade (PWR de 640 MWe) a été définitivement arrêté dans le cadre du programme de sortie du nucléaire.

 

·                     Le Ministère de l'Environnement, très anti-nucléaire, a vivement critiqué l'EPR sans étayer son discours.

 

·                     La tranche Biblis A a été redémarrée. Elle avait été arrêtée en avril 2003 pour travaux d'amélioration de son refroidissement.

 

·                     Plusieurs Länder ne sont pas d'accord quant à la sortie du nucléaire : Bavière, Hesse, Bade-Würtemberg et voudraient que l'on abandonne cette décision. Ils demandent, en premier lieu, que la durée d'exploitation des réacteurs soit portée de 30 à 50 ans.

 

1.2 Belgique

 

La tranche de Borssele, qui devait être arrêtée définitivement en 2004, sera prolongée jusqu'en 2013.

 

1.3 Finlande

 

On a vu que la Finlande a commandé le premier EPR. Son autorité de contrôle nucléaire connaît mal ce type de réacteur. La DGSNR française travaille sur ce modèle depuis 10 ans et aidera les Finlandais. Cela permettra à la DGSNR de parfaire sa connaissance au fur et à mesure de la construction et d'être tout à fait prêt pour le premier EPR construit en France.

 

1.4 France

 

·            Après les commandes de couvercle pour Three Mile Island 3 et Crystal River 3, Framatome ANP remplacera le couvercle et deux générateurs de vapeur de la tranche Arkansas Nuclear I. Etant donné les autres commandes reçues par cette société, son usine de Chalon St Marcel a saturé pratiquement son plan de charge.

 

·            Les deux tranches de Cruas et les deux tranches de Tricastin, qui avaient été arrêtées le 2 décembre 2003 en raison des importants corps étrangers charriés par la crue du Rhône, ont été remises en service le 3 décembre au soir.

 

·            La puissance nominale des réacteurs de type N4 est officiellement passée de 1450 à 1500 MW. Ils travaillent de préférence en base.

 

·            AREVA s'intéresse aux réacteurs à haute température. Une offre devrait être faite pour un prototype prévu aux Etats-Unis dans l'Idaho, financé à l'initiative du DOE. Les autres offres viendraient de BNFL-Westinghouse, avec un réacteur à boulets dérivé de celui qui est développé en Afrique du Sud, et de General Atomics, spécialiste depuis les années 60 des réacteurs à haute température. Par ailleurs la France, et AREVA en particulier, participe au développement du réacteur à très haute température à neutrons thermiques, VHTR, au sein du programme Génération IV

 

1.5 Italie

 

Voir chapitre II, § 2.7.

 

1.6 République Tchèque

 

Elle envisage la construction de deux tranches supplémentaires à Temelin à partir de 2009.

 

1.7 Grande-Bretagne

 

Des fissures sont apparues dans le circuit de vapeur du réacteur Sizewell 2, provoquant son arrêt. Les autres réacteurs de British Nuclear prennent de l'âge et sont sujets à de nombreux arrêts. Le Royaume Uni est donc sous la menace d'une panne d'envergure et des coupures de courant ont déjà eu lieu. Le Gouvernement s'interroge sur l'opportunité d'une relance de la construction de réacteurs nucléaires. L'importation d'énergie électrique devient en effet prohibitive.

 

1.8 Russie

 

Le gouvernement envisage la construction d'une centrale flottante près d'Arkhangelsk.

 

L'exploitant des tranches de Sosnovy Bor, près de St Petersbourg, a demandé une prolongation de 15 ans de la vie de la tranche 1 (RMBK), ce qui ne réjouit pas la Finlande ; le site comporte en effet 4 tranches.

 

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2 AMERIQUE

 

2 1 Etats-Unis

 

·            Sur les 103 tranches en service, 14 tranches ont déjà obtenu une autorisation de fonctionnement jusqu'à 60 ans. 14 demandes sont à l'examen de la NRC et 25 dossiers sont attendus.

 

·            Entergy Nuclear a déposé auprès de la NRC une demande de permis de construction éventuelle pour son site de Grand Gulf (Mississipi). Exelon avait pour sa part déjà déposé une demande de même type.

·            En 2003, les réacteurs Etats-Unis présentent un taux de disponibilité d'environ

90 %, très semblable à ceux de 2001 et 2002.

 

·            Le MIT a signé un accord avec une université de Pékin pour développer un réacteur à haute température à boulets. Il s'agirait d'un réacteur de 120-130 MW assez semblable au prototype sud-africain (PBMR) en projet.

 

2.2 Brésil

 

Le gouvernement devrait prendre une décision sur la construction d'une troisième tranche avant la fin 2004 (Angra 3).

 

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3 ASIE

 

3 1 Corée du Sud

 

Un accord a été passé avec la Russie concernant les études et l'exploitation de réacteurs de faibles et moyennes puissances (réacteurs sur barge) pour le dessalement de l’eau de mer.

 

3.2 Inde

 

L'autorisation a été donnée de démarrer la construction d'un réacteur rapide prototype de 500 MWe à Kalpakkam où se trouve déjà le FBTR. Sa mise en exploitation est prévue vers 2012.

 

3.3 Japon

 

Le gouvernement a autorisé le démarrage de la construction de la tranche 3 de Tomari (PWR de 900 MWe).

 

3.4 Pakistan

 

Ce pays a passé un accord avec la Chine sur la construction d’une deuxième tranche à Chashma (300 MWe).

 

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4 AFRIQUE

 

 Afrique du Sud

 

Eskom (EDF local) recherche des investisseurs pour son réacteur à boulets (PBMR). L'unité module serait de 165 MW et l'on peut envisager des centrales comportant huit modules. Parmi les investisseurs potentiels, pourrait figurer AREVA qui, semble t-il attend le résultat de son offre d'HTR pour l'Idaho (Etats-Unis).

 

 

 

 

 

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IV. NUCLEAIRE ET ENVIRONNEMENT.

 

1 ENERGIE ET EFFET DE SERRE.

 

Le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique, récusé par les USA et l'Australie, non signé par la Russie, bat de l'aile. La solution de secours pourrait être la fixation universelle d'un droit à polluer, le même pour tous les habitants de la terre (!), avec échange des droits entre les habitants des pays gros consommateurs et les autres. L'application de cette règle dans les 50 prochaines années permettrait aux gros consommateurs de réduire progressivement leurs rejets.

 

La Communauté européenne aménage une directive instaurant le marché des droits d'émission entre les grands producteurs européens : producteurs d'énergie, papeteries, cimenteries, raffineries et métallurgies. Ce marché débutera au 1er janvier 2005, et sa première période de fonctionnement ira à fin 2007, échéance du protocole de Kyoto.

 

Une piste originale pour lutter contre l'effet de serre, lié aux rejets de CO2 associés aux consommations de combustibles fossiles, consiste à capter ce gaz à la production, le stocker sous pression, puis l'enfouir dans des entrepôts souterrains ou sous-marins.

Considérée longtemps comme une utopie, cette voie est  explorée en particulier par la société Statoil.

 

Une autre voie a la faveur des Américains : la plantation de forêts. Dans des conditions favorables (eau et température) un hectare de forêt stocke 1500 tonnes de CO2 par an.

 

L'Association "Global Chance" fondée par des chercheurs énergéticiens pilotés par Benjamin Dessus affirme que le renouvellement du parc nucléaire n'est pas la solution incontournable de notre lutte contre l'effet de serre en France. Ils proposent une solution mixte basée sur la chasse aux gaspillages et les énergies renouvelables.

 

Le parc éolien de l'Allemagne atteint 16 000 MW, soit l'équivalent de 16 tranches nucléaires françaises. Mais cet investissement a fait oublier la construction d'une puissance équivalente en centrales thermiques pour assurer la fourniture en cas de vent nul. On avait rappelé dans le bulletin précédent que cette omission était l'une des causes des grandes pannes électriques de l'été. Pour équilibrer au mieux le réseau électrique européen, des investissements seront nécessaires également sur les lignes d'échange de courant entre les états.

 

2 RETRAITEMENT-RECYCLAGE. COMBUSTIBLES MOX.

 

L'Allemagne (Siemens) propose à la Chine de lui céder à très bas prix les installations de l'usine de combustibles au plutonium construite sur le site de Hanau, et jamais mise en service, après la décision de son retrait du nucléaire. La Chine prévoit un programme de surgénérateurs pour compléter son programme nucléaire (3 nouveaux réacteurs par an dans les prochaines décennies!), et affirme vouloir n'utiliser cette installation que pour des besoins civils. Cette proposition est fortement contestée par les Verts du Gouvernement allemand.

 

COGEMA a déposé en novembre 2003 un dossier concernant la fabrication de quatre  assemblages MOX de démonstration dans l'ancien atelier de Cadarache, en exécution du contrat obtenu en août, pour le compte des Américains qui veulent tester le comportement du plutonium issu du démantèlement de leurs armes. La livraison du plutonium correspondant est attendue en juillet 2004 à la Hague.

 

COGEMA reçoit actuellement des combustibles des réacteurs de recherche australiens, matières pour lesquelles elle avait obtenu un décret d'autorisation en 2003. Cette opération avait fait l'objet de vives contestations de Greenpeace.

 

3 GESTION ET TRANSPORT DES DECHETS.

 

Parallèlement à sa commande récente du cinquième réacteur, la Finlande lance son stockage souterrain de déchets, sur un site dénommé Onkalo, très proche de la centrale de Olkiluoto.

 

En France, l'Andra communique une évaluation du coût du stockage profond destiné à recueillir les déchets de haute et moyenne activité : entre 15 et 20 milliards d'€. Pour ce montant, le stockage pourra accueillir tous les déchets résultant de l'ensemble du parc actuel de réacteurs jusqu'à leur fin de vie.

 

Le CEA progresse résolument dans ses diverses tâches devant lui permettre de proposer en 2006 au Parlement la ou les solutions destinées à la gestion des déchets de haute activité à long terme. Une exposition sera installée à Marcoule pour permettre au public de s'informer sur ce sujet brûlant. Les romains eux-mêmes ont participé à ces travaux avec leurs diverses céramiques vitrifiées plongées pendant plus de deux mille ans dans l'eau de mer, et expertisées par nos chercheurs.

 

En Italie, un projet de site envisagé dans le sud de la botte a fait l'objet de telles manifestations que le Gouvernement a reculé et repart dans ses recherches.

 

Aux U.S.A., un débat est engagé sur la nécessité de construire un second site de stockage de déchets nucléaires dans l'hypothèse d'une augmentation du parc actuel de réacteurs. Ce second site pourrait être évité en développant une usine de retraitement semblable à celle de....la France! Dans une telle hypothèse, le site actuel de Yucca Mountain suffirait. Le procédé de traitement devrait être un peu amélioré par rapport au procédé PUREX actuel, pour extraire les actinides mineurs.

 

4 DIVERS

 

La Roumanie vient de commander à AREVA le combustible de son réacteur de recherche.

 

Un incident est survenu à la Hague sur une cuve de récupération d'eaux du retraitement, au moment d'un prélèvement pour analyses. En l'absence de contamination du personnel, l'incident est classé au niveau 1.

 

 

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V - SURETE et  SECURITE

 

1 A.I.E.A

A la lumière de contrôles effectués en Iran et en Libye, Mohamed ElBaradei, directeur général de l'A.I.E.A, déclare très insuffisants les contrôles de surveillance des matières et équipements nucléaires, notamment en ce qui concerne la fabrication des combustibles, et souhaite une réglementation plus rigoureuse, sous contrôle international. Il est suivi sur ce point par le Président Bush.

 

Le rôle du Dr. Khan (Pakistan) et de son équipe dans cette prolifération des armements apparaît clairement. Les réseaux impliquent certains pays européens tels Allemagne, Espagne et Pays-Bas, certaines sociétés ou même certains individus dans ces pays. Les centrifugeuses permettant l'enrichissement de l'uranium constituent le moyen clé de la production d'armes atomiques, et leur production par des moyens détournés plus faciles à mettre en œuvre.

 

2 France

Le décret de juillet 2003 classant les transports de matières nucléaires sous timbre "secret défense", qui avait provoqué les remarques agressives des anti-nucléaires, vient de faire l'objet d'un arrêté visant à clarifier son interprétation, sans donner pour autant satisfaction à certains opposants, tels Greenpeace ou le réseau "Sortir du nucléaire" (voir chapitre VI).

 

Un désaccord est apparu entre les pouvoirs publics et les anti-nucléaires sur le risque lié aux "crashs" d'avions de ligne contre les réacteurs nucléaires et notamment le prochain EPR. Ce désaccord ressemble à la contestation apparue en Allemagne sur ce même sujet.(voir ci-dessous)

 

3.Allemagne

Un rapport émis par le GRS, organisme de conseil en sûreté nucléaire en Allemagne, fait ressortir le risque pour les premiers réacteurs construits, notamment les réacteurs à eau bouillante, et même de plus récents, de ne pas voir leur confinement résister à la chute d'un avion de transport.

Mais une idée originale est proposée pour les protéger : une enveloppe de brouillard, comme les objectifs militaires.

 

Il faut connaître l'existence d'un expert international situé à Karsruhe, appelé "Institut des Transuraniens", capable par l'analyse d'un modeste échantillon de matière fissile d'en indiquer la provenance, par sa connaissance de presque toutes les "signatures" des compositions isotopiques, en quelque sorte l'ADN des matières fissiles, et cela pour tous les producteurs du monde.

 

4 Iran

Les Iraniens, après avoir tenté de s'affranchir du traité de non-prolifération, semblent donner des signes de meilleure volonté en acceptant les contrôles internationaux, et en remettant à l'AIEA un document récapitulant toutes ses activités nucléaires passées. Il accepte en outre de suspendre ses travaux d'enrichissement. Le combustible usé de la centrale de Bouchehr (construite par la Russie) sera rapatrié en Russie, aux termes d'un accord dont la signature est exigée avant la livraison de la centrale.

 

5 Libye

La Libye vient de changer de cap et renonce aux armes nucléaires, pour échapper aux mesures de rétorsion du monde occidental. Son programme nucléaire était soupçonné mais non prouvé dans les évaluations de l'AIEA.

 

6 Pakistan

Accusé d'être le leader mondial du réseau de diffusion des procédés ou matériels d'armement nucléaire, le Pakistan entretient des contacts commerciaux avec la Chine pour la construction d'une nouvelle centrale nucléaire, de puissance 300 MW.

 

7 Roumanie

L'Union Européenne se prépare à octroyer 3 millions d'€ à cette nation pour le renforcement de la sécurité du secteur nucléaire. La Roumanie est le seul pays de cette zone de l'Europe à utiliser des réacteurs CANDU à uranium naturel.

 

 

 

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VI -  NUCLEAIRE ET POPULATION

 

L’arrêté du 24 juillet 2003 classant secret défense les informations concernant le transport, la protection et le contrôle des matières radioactives sensibles et punissant leur divulgation de peines d’emprisonnement (5ans) et d’amende (75000€) a donné lieu a de nombreuses réactions. Les organisations antinucléaires et Reporters Sans Frontières ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat. COGEMA s’est trouvé embarrassé par un arrêté qui ne clarifiait rien et paraissait mettre en cause sa politique de transparence. Une précision a été apportée fin janvier par un nouvel arrêté : Seules les informations dont la divulgation est de nature à nuire à la protection physique des matières sont concernées.

 

Le futur projet de loi sur les énergies prévoira un droit d’accès à l’information sur les risques encourus. Sur ce point il intégrera pour l’essentiel des dispositions d’un projet de loi sur la transparence établi par D. Voynet en 1999, qui n’avait pas abouti.

 

COGEMA-La Hague a relancé sa communication auprès de la population (visites) et des élus locaux. A noter également des actions d’information sur l’énergie et l’environnement auprès des établissements scolaires intéressés, menées avec l’accord de l’Académie. Ces actions, en général bien accueillies, sont dénoncées par les Verts comme une « atteinte à la laïcité ».

 

De nombreux élus locaux ont soutenu une candidature des sites de leur circonscription pour accueillir l’EPR. C’est le cas de Penly, de Creys-Malville, du Blayais, du Tricastin et surtout de Flamanville où les acteurs économiques et politiques de la Manche se sont regroupés dans une association pour la promotion du site. Les opposants se sont manifestés principalement dans le Cotentin et par une manifestation d’environ 5000 personnes à Paris le 17 janvier.

 

D’après un sondage TNS-SOFRES publié par la fondation des sciences politiques, 77% des parlementaires sont favorables au remplacement du parc nucléaire sur les sites existants. (86% à droite, 64% à gauche).

 

Des coopérations européennes s’établissent en matière d’enseignement nucléaire universitaire :

·         La commission européenne abritera l’ »European Nuclear Education Network ».

·         L’INSTN et TUM Munich ont créé un European Master’s Degree et un Doctorat en Nuclear Engineering.

 

AREVA renonce à participer au financement de la Coupe de l’America 2007. Elle a, par ailleurs, confié à Euro RSCG une importante campagne de publicité internationale pour faire connaître en particulier son nouveau périmètre après l’achat de l’activité transmission-distribution d’Alstom.

 

La décision de COGEMA de construire une usine de séparation des isotopes de l’uranium par centrifugation au Tricastin est très bien accueillie par les élus locaux et la population, habitués à vivre avec le nucléaire sans problème depuis longtemps.

EDF (RTE) décide d’abandonner un projet de ligne à très haute tension dans le Quercy.

 

Greenpeace (GP), dont Michèle Rivasi a pris la présidence de la branche française, s’est signalé par des actions parfois illégales et fortement médiatisées malgré le faible nombre de participants :

  • COGEMA ayant demandé l’application du jugement condamnant GP à verser

100000 €   à la suite des entraves apportées aux transports à La Hague, une manifestation (40 participants) s’est tenue à Paris contre cette « atteinte à la liberté d’expression ». COGEMA s’est étonnée publiquement que GP, prompte à traquer les manquements aux règles, prétende s’y soustraire.

  • En octobre, deux actions manquées de survol du site de Marcoule en ULM.
  • En novembre GP a de nouveau plongé au large de La Hague, malgré les interdictions. (20 participants français, allemands, anglais, espagnols).

 

Une conférence s’est tenue au Grau du Roi au sujet des « Sables noirs de Camargue », faux scoop de la CRIIRAD: cette accumulation - naturelle - de métaux lourds (« placers ») avait été mise en évidence en 1955 sur le littoral méditerranéen. Des phénomènes semblables, qui remontent à plusieurs milliers d’années, existent également en Inde, au Brésil et dans l’Etat de New York. La radioactivité peut atteindre par endroit 200 fois celle constatée en moyenne sur le territoire français. Mais, d’après les experts, ce n’est pas le sable qui est dangereux sur ces plages, c’est l’exposition au soleil…

 

Les retombées de Tchernobyl font toujours parler : 400 plaintes contre X ont été déposées pour cancer de la thyroïde alors que la communauté médicale est unanime pour dire que l’augmentation de ces cancers constatée en France n’est pas liée aux retombées de Tchernobyl. L’expertise judiciaire mettrait en cause la communication gouvernementale à l’époque de l’accident sans se prononcer sur le fond.

 

La Cour d’appel de Caen a confirmé l’ordonnance de non-lieu du juge d’instruction de Cherbourg suite à la plainte pour mise en danger de la vie d’autrui déposée par le CRILAN contre COGEMA pour entreposage de déchets étrangers à La Hague.

 

Le professeur Spira, chargé par le gouvernement d’approfondir l’étude sur l’augmentation de cancers dans l’arrondissement de Beaumont-Hague, émet l’hypothèse que la cause principale en serait le brassage des populations dû au grand chantier.

 

Des résidus vitrifiés ont été renvoyés en Belgique, au Japon et en Allemagne sans incident notable. En Allemagne en particulier, la mobilisation des antinucléaires, qui jusqu’alors s’opposaient violemment et en nombre à l’arrivée à Gorleben, a fortement diminué.

 

COGEMA communique régulièrement sur ces transports : Elle a notamment fait un point sur les renvois de résidus par pays : A septembre 2003, 57,7% des résidus des contrats japonais avaient été renvoyés, 44,% pour la Belgique, 35,9% pour la Suisse, 31,5% pour l’Allemagne et 0% pour les Pays Bas.

 

Le tribunal administratif de Bordeaux a annulé un arrêté du maire de Bègles (N.Mamère) interdisant la traversée de sa commune par les transports ferroviaires de combustibles usés. Les autres maires de la communauté urbaine de Bordeaux avaient refusé de le suivre.

 

En Italie, une manifestation importante a eu lieu contre l’implantation d’un site de stockage de déchets nucléaires en Basilicate (cf. chapitre IV.1, §3).

 

En Belgique, 4 communes se sont portées candidates au stockage de déchets de basse activité. Le gouvernement fédéral devra choisir.

 

L’activité minière d’uranium au Niger, qui est la principale ressource du pays, est l’objet de diverses attaques injustifiées : après la scandaleuse affaire des faux contrats avec l’Irak, les conditions de transport des concentrés vers Cotonou ont fait l’objet d’attaques par le NRDC de T. Cochrane et divers organes de presse américains, tandis que la CRIIRAD a mené une mission sur place pour dénoncer « un problème radiologique sérieux influant sur la santé des populations ». Rappelons que les usines ont obtenu le label ISO 14001 pour la protection de l’environnement et que les hôpitaux des compagnies minières comptent parmi les meilleurs du pays.

 

 

 

sommaire

VII - L’ENERGIE AUX ETATS-UNIS

 

 

Les perspectives pour 2025 :

 

Cet article fait suite à celui publié dans le Bulletin ARSCO n° 41, pages 38-40. Il en actualise les éléments.

 

Principaux problèmes de l’énergie d’ici 2025 :

 

·            Depuis près de 4 ans, le prix du gaz naturel reste à des niveaux plus élevés que ceux des années 1990. L’approvisionnement des Etats-Unis en gaz dépendra dans le futur de ressources plus coûteuses et plus éloignées.

 

·            Les prix du pétrole brut ont augmenté de moins de 30 $ le baril à la fin des années 90 à environ 35 $ début 2003. Les importations de pétrole qui ont représenté 54 % des besoins américains en 2002, devraient atteindre 70 % en 2025.

 

·            Par suite de l’augmentation du prix du gaz, les accroissements des capacités de production électrique se feront davantage à partir du charbon et de sources d’énergies renouvelables.

 

Croissance de l’économie

 

Le rapport prévoit une augmentation moyenne du PIB (produit intérieur brut) américain de 3 % par an de 2001 à 2025.

 

Prix de l’énergie

 

·            En dollars constants de 2002, le prix moyen du pétrole devrait passer de 23,68 £ le baril à 26,94 $ en 2025, soit environ 52 en dollars de l’époque.

 

La consommation mondiale de pétrole devrait croître de 78 millions de barils par jour (b/j) en 2002 à 118 en 2025.

 

La production des pays de l’OPEP devrait passer de 30 millions de b/j en 2002 à 54 en 2025, soit un accroissement de 80 %. Celle des pays n’appartenant pas à l’OPEP devrait passer, pour la même période, de 44,7 à 63,9 millions de b/j.

 

Parmi les pays non OPEP, la production de la Russie devrait s’accroître de 7,6 à 10,9 et celle du bassin de la mer Caspienne, de 1,7 à 6 millions de b/j.

 

·            Le prix du gaz naturel devrait passer de 2,95 $ par 1000 pieds cubes (environ 104 $ pour 1000 m3) en 2002 à 4,40 $ (dollars 2002) en 2025. Cette nette augmentation est due à la révision en baisse des réserves américaines et au coût plus élevé des dépenses d’exploitation.

 

·            Le rapport prévoit que le prix du charbon, départ mine, devrait décroître de 8,80 $ par tonne métrique en 2002. (dollar 2002) à 6,19 en 2016, puis remonter à 6,57 en 2025.

 

·            Après avoir baissé de 7,2 US cents par kWh en 2002 à 6,6 cents ($ 2002) en 2007, le coût de l’électricité devrait remonter à 6,9 cents en 2025 (soit 13,2 cents en dollars courants) par suite de la hausse des prix du gaz et du charbon.

 

Consommation d’énergie

 

·            Le rapport prévoit une hausse annuelle moyenne de la consommation totale américaine de 1,5 % par an, ce qui la porterait de 28600 milliards de kWh en 2002 (soit 97,7 quadrillions de BTU !!) à 40750 en 2025.

 

Le tableau ci-dessous donne des renseignements sur la variation des principales utilisations de l’Energie aux Etats-Unis entre 2002 et 2025

 

Utilisation

Croissance annuelle en %

2002 – 2025

 

Part en % dans la

Consommation de 2025

 

Usages domestiques

Commerce et services

Industrie

Transports

1

1,7

1,3

1,9

                 10,4

                   8,9

                 24,5

                 30,2

 

 

 

 

On notera que les nouvelles normes imposées par l’Administration fédérale prévoient des progrès sensibles de consommation d’essence sur les futures voitures. La norme actuelle de 11,34 litres aux 100 km devrait être ainsi ramenée à 10,58 sur les véhicules construits en 2007 et le rapport prévoit qu’en 2025 la consommation moyenne devrait être de 8,73 l/100 pour les véhicules légers.

 

·         La consommation totale d’électricité devrait croître en moyenne de 1,8% par an de 2002 à 2025 et celle de gaz naturel de 1,4%, avec pour ce dernier un net ralentissement à partir de 2020, suite aux hausses de son prix.

 

·         La consommation totale de charbon devrait augmenter de 1,7% par an et atteindre 1400 millions de tonnes en 2025.

 

·         La consommation totale de pétrole devrait croître de 1,6% par an et passer, entre 2002 et 2025, de 19,6 à 28,3 millions de barils par jour, ce qui représentera alors 24% de la consommation mondiale.

 

·         Les énergies renouvelables devraient progresser de 1,9% par an et représenter, en 2025, 6,6% de la consommation totale d’énergie des Etats-Unis.

 

Intensité énergétique

 

C’est l’énergie utilisée pour produire 1 dollar de PIB. Elle décroît d’autant plus vite que le coût de l’énergie est plus élevé. Le rapport prévoit qu’elle devrait décroître de 1,5 % par an d’ici 2025.

 

Par contre, l’énergie utilisée par personne devrait croître de 0,7% par an suite à la croissance de la demande dans les services, partiellement compensée seulement par les gains de productivité

 

Production d’électricité

 

·            La production d’électricité aux Etats-Unis en 2025 devrait être voisine de 5900 milliards de kWh.

 

·            Cette production serait assurée par le charbon (52%), le gaz naturel (22%), le nucléaire (16%), les énergies renouvelables (8,7%) et le pétrole (1 à 2%)

 

·         Pas de construction de nouvelles centrales nucléaires aux Etats-Unis d’ici 2025, mais pas de mise à l’arrêt de centrales. La puissance installée devrait être de 99600 MégaWatts en 2025.

 

Production d’énergie et importation

 

·            La consommation d’énergie américaine devrait augmenter plus vite que la production du pays, les importations vont continuer à croître pour atteindre 36% des besoins en 2025 au lieu de 26% en 2002.

 

·            En 2025, les Etats-Unis devront importer 70% de leur consommation de pétrole (54% en 2002) et 23% de leur consommation de gaz (15% en 2002). Par contre, la production de charbon (1388 millions de tonnes) devrait pratiquement suffire aux besoins.

 

·            En 2025, les énergies renouvelables représenteront une production d’environ 2400 milliards de kWh, soit une augmentation de 55% par rapport à 2002.

 

Emissions de CO2

 

Le rapport prévoit qu’elles devraient progresser de 5729 millions de tonnes en 2002 (1564 tonnes d’équivalent carbone) à 8142 en 2025 (2223 tonnes d’équivalent carbone).

Les émissions dues aux transports devraient diminuer en particulier suite aux mesures prises pour réduire la consommation des voitures.

Les prévisions du rapport ne prennent pas en compte les mesures qui pourraient être prises pour réduire les émissions de CO2

 

(Rapport résumé par R. Bodu.)

 

Note importante :

La rédaction du Bulletin de l’ARSCO n’a pas l’intention de continuer à rendre compte annuellement du rapport de l’Administration américaine sur les perspectives énergétiques des Etats-Unis d’ici 2025, sauf événement imprévu dans le domaine de l’énergie.

 

Les lecteurs intéressés par ce problème pourront :

-          ou prendre connaissance du rapport détaillé (9 pages) sur le site Internet (à partir de fin janvier de chaque année) : http://www.eia.doe.gov/oiaf/aeo/index.html

-          ou demander copie du rapport à l’ARSCO qui continuera à se procurer ce document pour le garder dans sa bibliothèque.