Fin du débat public sur l’EPR de Flamanville (février 2006)

 

Nos lecteurs  comprendraient sans doute mal que l’UARGA ne les informe pas de la fin du débat public sur l’EPR de Flamanville. Il n’est cependant pas utile d’attendre la publication du Compte-rendu officiel final pour examiner le sujet.

 

Ce débat découlait de la ‘Loi Barnier’ de 2002 faisant obligation à l’Etat et au maître d’ouvrage concerné d’organiser un tel débat public pour tout projet d’envergure. Il pouvait néanmoins paraître largement superflu dans le cas présent, en raison du vote par le Parlement de la Loi sur l’Energie (juillet 2005) autorisant à construire un premier EPR, d’autant que ce  vote a eu lieu  après de longues navettes et faisait suite lui-même à une large consultation publique dans le pays (2003/2004).

 

Un débat ambitieux puisqu’au lieu de se consacrer à l’exercice prévu de débattre de la construction à Flamanville du premier EPR, le président de la Commission a voulu refaire un débat sur l’EPR en général, jugeant sans doute que les gens qui avaient été consultés précédemment et les parlementaires qui avaient débattu n’avaient pas été bien informés.

 

Un débat qui semblait cependant bien démarrer puisque de très nombreuses associations avaient promis leur concours mais qui explosait très vite dès son envol suite au boycott des organisations les plus clairement hostiles au nucléaire, le motif invoqué étant que certaines informations classées pour des raisons commerciales ou de sûreté ne pouvaient être mises sur la place publique.

 

Un débat qui en définitive n’aura guère ému les foules (environ 4000 personnes au total s’étant déplacées pour s’exprimer) et dont il ne restera que beaucoup de frustration de tous côtés et, peut-être à terme, quelques progrès (le Président de la commission a parlé d’avancées importantes) avec la mise en place de deux groupes de travail sur deux sujets-clés :

-         l’accès à l’information malgré les problèmes de « secret », il est vrai en effet que le maître d’ouvrage peut se retrancher derrière le secret que lui impose l’administration parfois de façon extensive,

-         les besoins électriques à long terme.

 

On peut en effet espérer que si, sur ce dernier point, un dialogue continu est entretenu entre toutes les parties prenantes, le public n’en viendra pas à reprocher à EDF de n’avoir pas tout fait au cours des 20 dernières années pour ‘desserrer les contraintes’, c'est-à-dire développer les économies d’énergie et les énergies renouvelables et permettre ainsi d’éviter la construction d’un premier EPR tout en mettant à l’arrêt plusieurs des centrales actuelles comme cela a été largement exprimé par le public pendant le débat. Si un tel ‘forum’ existait le public pourrait sans doute s’exprimer sur des questions largement ignorées comme la réactivation actuellement en cours par EDF d’anciennes centrales à charbon ou à fioul ou le lancement dans l’urgence par exemple par Poweo de centrales à gaz sans débat public.

 

Bref, un débat bidon pour reprendre l’expression même des anti-nucléaires, qui leur permettra  de manifester (en toute sérénité ?) les 15 & 16 avril à Cherbourg contre la construction de l’EPR, à la veille, comme c’est curieux, des commémorations du 20ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986).

 

Sur certains sujets, la démocratie en France reste décidément bien formelle et décevante.